Il y a des amours qu’on ne comprend pas.

Certains s’attachent à leur premier scooter, d’autres à leur vieille console Nintendo.
Emmanuel Macron, lui, s’accroche à Matignon. Comme une ventouse. Comme un chewing-gum collé sous la table depuis 2017.
Le pays change, la planète brûle, les ministres valsent… mais lui, il s’accroche.
Et il faut le dire : ça commence à sentir le réchauffé.

MATIGNON, CE DOUDOU PRÉSIDENTIEL
Macron ne nomme plus un Premier ministre : il rejoue un couple en crise.
Il teste, il retente, il pleure un peu, il recolle, puis il re-signe pour “voir si cette fois, ça marche”.
Lecornu, Borne, Attal… et maintenant, re-Lecornu. C’est pas une politique, c’est une boucle Netflix : “Épisode 7, la revanche du ministre stable”.
Lui-même doit plus connaître le code du digicode de Matignon que Brigitte celui du portail de l’Élysée.

Le président, c’est un peu le gars qui, après chaque rupture politique, revient avec des fleurs et un ton compatissant :

“Allez, on se donne encore une chance. Promis, cette fois je te laisse choisir ton budget.”

L’AMOUR DES VIEILLES… ÉLECTRICES
Ce qu’il y a de fascinant chez Macron, c’est son attirance constante pour les mamies.
Celles de province, des EHPAD, des journaux du dimanche matin, celles qui votent encore avec la main tremblante mais la conviction ferme.
Le président les adore : il leur parle, il les rassure, il les tutoie presque.
Pour lui, la France, c’est une grande maison de retraite en rénovation lente.
Lui, il passe de chambre en chambre, remet un coussin ici, une promesse là, et finit toujours par demander :

“Alors, vous me gardez encore un peu ?”

Ce lien fusionnel avec “la France d’avant” est attendrissant, certes, mais il a un effet secondaire : pendant qu’il console Mémé, il oublie les mômes.
Et surtout, il oublie les îles...

LES OUTRE-MER ? ON LES AIME… À DISTANCE
Ah, les Outre-mer.
Ces territoires qu’on ressort à chaque remaniement comme une vieille carte postale jaunie : “Ah oui, c’est vrai, ils sont encore là, eux !”
Pour Macron, les Antilles et les DOM, c’est un peu la belle-famille : on y va pour les fêtes, on sourit, on promet de revenir, puis on oublie le numéro.

À chaque nouveau ministre des Outre-mer, le scénario est le même :

“Je veux une relation sincère, directe, moderne.”
Et trois semaines plus tard, ça se transforme en :
“Je te jure, c’est pas toi, c’est l’agenda.”

Résultat : à Paris, on parle “transition écologique”, pendant qu’à Pointe-à-Pitre, on fait la transition entre deux coupures d’eau.
À l’Élysée, on évoque “l’intelligence artificielle”, pendant qu’à Fort-de-France, on se demande si le réseau électrique a survécu à la dernière pluie.

L’HEXAGONE SE SERRE LA CEINTURE, LES ÎLES SERRENT LES DENTS
Pendant que le président redécore Matignon à coups de recyclage politique, les territoires ultramarins attendent — encore.
On leur parle de développement économique, d’autonomie, de “projets structurants”, avec la même sincérité qu’un ministre lisant un discours mal imprimé.
Mais derrière les mots, les faits sont têtus : les prix flambent, les salaires stagnent, l’eau manque et les jeunes partent.

Et là, on voit Macron revenir au micro, sourire confiant, les mains ouvertes :

“Je comprends vos difficultés.”

Oui, Monsieur le Président, mais ici on ne veut plus être compris — on veut être servis.
Et pas par le robinet, parce que lui aussi est en grève.

ET PENDANT CE TEMPS-LÀ…
Le président parle de “nouvel élan”, de “réconciliation”, de “redonner confiance”.
Mais à force de recoller les morceaux de Matignon, il ne reste plus de colle pour le reste du pays.
L’image est belle : un homme seul dans son palais, en train de ressouder un gouvernement fissuré pendant que la Guadeloupe compte ses fuites d’eau comme d’autres comptent leurs votes.

Et au fond, peut-être que Macron aime ça.
Ce chaos maîtrisé, cette impression d’être le seul à savoir.
Le dernier capitaine à bord d’un navire qu’il continue de repeindre pendant qu’il coule doucement.

CONCLUSION : MACRON, L’HOMME QUI NE LÂCHAIT RIEN (SAUF LA GUADELOUPE)
L’histoire retiendra peut-être Emmanuel Macron comme le président le plus tenace de la Vᵉ République.
Celui qui n’a jamais reculé devant une réforme, un remaniement ou un mur de contestation.
Mais l’histoire retiendra aussi qu’à force de vouloir tout diriger, il a oublié d’écouter.
Et qu’à force de vouloir rester à Matignon, il a laissé la Guadeloupe dans sa baignoire vide.

Alors oui, il s’accroche...

Mais ici, quand on dit “Kenbé rèd”, c’est contre les cyclones.
Pas pour garder son fauteuil.